Lélia - George Sand - ebook

Lélia ebook

George Sand

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Opis

Le roman „Lelia” est une confession sincère d’une femme noble et belle, mais froide comme une statue, déçue par l’amour; un sentiment a survécu dans son âme agitée – le besoin de croire en l’amour et peut-être en l’amour divin. Le jeune poète Stenio aime passionnément Lelia et tente en vain de la faire revivre. La tendresse et la poésie des personnages, la beauté enchanteresse du style ne peuvent laisser indifférent. Le livre, s’il n’est pas complètement autobiographique, reflète en tout cas les sentiments personnels ressentis par l’auteur.

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George Sand

Lélia

Varsovie 2019

Table des matières

NOTICE

PRÉFACE

PREMIÈRE PARTIE

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

XIV

XV

XVI

XVII

XVIII

XIX

XX

XXI

XXII

DEUXIÈME PARTIE

XXIII. MAGNUS

XXIV. VALMARINA

XXV

XXVI. VIOLA

XXVII

XXVIII. A DIEU

XXIX. DANS LE DÉSERT

XXX. SOLITUDE

XXXI

XXXII

XXXIII. A LA VILLA BAMBUCCI

XXXIV. PULCHÉRIE

TROISIÈME PARTIE

XXXV

XXXVI

XXXVII

XXXVIII

XXXIX

XL

QUATRIÈME PARTIE

XLI

XLII. LÉLIA AU ROCHER

XLIII. LES CAMALDULES

XLIV

XLV

CINQUIÈME PARTIE

XLVI

XLVII. CLAUDIA

XLVIII. LA VENTA

XLIX

L. MALÉDICTION

LI

LII. LE SPECTRE

LIII. SUPER FLUMINA BABYLONIS

SIXIÈME PARTIE

LIV. LE CARDINAL

LV

LVI

LVII. LES MORTS

LVIII. CONTEMPLATION

LIX

LX. LE CHANT DE PULCHÉRIE

LXI

LXII. DON JUAN

LXIII

LXIV

LXV

LXVI

LXVII. DÉLIRE

NOTICE

Après Indiana et Valentine, j’écrivis Lélia, sans suite, sans plan, à bâtons rompus, et avec l’intention, dans le principe, de l’écrire pour moi seule. Je n’avais aucun système, je n’appartenais à aucune école, je ne songeais presque pas au public; je ne me faisais pas encore une idée nette de ce qu’est la publicité. Je ne croyais nullement qu’il pût m’appartenir d’impressionner ou d’influencer l’esprit des autres.

Était-ce modestie? Je puis affirmer que oui, bien qu’il ne paraisse guère modeste de s’attribuer une vertu si rare. Mais comme, chez moi, ce n’était pas vertu, je dis la chose comme elle est. Ce n’était pas un effort de ma raison, un triomphe remporté sur la vanité naturelle à notre espèce, mais bien une insouciance du fait, une imprévoyance innée, une tendance à m’absorber dans une occupation de l’esprit, sans me souvenir qu’au delà du monde de mes rêves, il existait un monde de réalités sur lequel ma pensée, sereine ou sombre, pouvait avoir une action quelconque.

Je fus donc très-étonnée du retentissement de ce livre, des partisans et des antagonistes qu’il me créa. Je n’ai point à dire ce que je pense moi-même du fonds de l’ouvrage: je l’ai dit dans la préface de la deuxième édition, et je n’ai pas varié d’opinion depuis cette époque.

Le livre a été écrit de bonne foi, sous le poids d’une souffrance intérieure quasi mortelle, souffrance toute morale, toute philosophique et religieuse, et qui me créait des angoisses inexplicables pour les gens qui vivent sans chercher la cause et le but de la vie. D’excellents amis qui m’entouraient, avec lesquels j’étais gaie à l’habitude (car de telles préoccupations ne se révèlent pas sans ennuyer beaucoup ceux qui ne les ont point), furent frappés de stupeur en lisant des pages si amères et si noires. Ils n’y comprirent goutte, et me demandèrent où j’avais pris ce cauchemar. Ceux qui liront plus tard l’histoire de ma vie intellectuelle ne s’étonneront plus que le doute ait été pour moi une chose si sérieuse et une crise si terrible.

Pourtant je n’ai pas été une exception aux yeux de tous. Beaucoup ont souffert devant le problème de la vie, mille fois plus que devant les faits et les maux réels dont elle nous accable. De faux dévots ont dit que c’était un crime d’exhaler ainsi une plainte contre le mystère dont il plaît à Dieu d’envelopper sa volonté sur nos destinées. Je ne pense pas comme eux; je persiste à croire que le doute est un droit sans lequel la foi ne serait pas une victoire ou un mérite.

GEORGE SAND.

Nohant, 13 janvier 1854.

PRÉFACE

Il est rare qu’une œuvre d’art soulève quelque animosité sans exciter d’autre part quelque sympathie; et si, longtemps après ces manifestations diverses du blâme et de la bienveillance, l’auteur, mûri par la réflexion et par les années, veut retoucher son œuvre, il court risque de déplaire également à ceux qui l’ont condamnée et à ceux qui l’ont défendue: à ceux-ci, parce qu’il ne va pas aussi loin dans ses corrections que leur système le comporterait; à ceux-là, parce qu’il retranche parfois ce qu’ils avaient préféré. Entre ces deux écueils, l’auteur doit agir d’après sa propre conscience, sans chercher à adoucir ses adversaires ni à conserver ses défenseurs.

Quoique certaines critiques de Lélia aient revêtu un ton de déclamation et d’amertume singulières, je les ai toutes acceptées comme sincères et parlant des cœurs les plus vertueux. A ce point de vue, j’ai eu lieu de me réjouir, et de penser que j’avais mal jugé les hommes de mon temps en les contemplant à travers un douloureux scepticisme. Tant d’indignation attestait sans doute de la part des journalistes la plus haute moralité jointe à la plus religieuse philanthropie. J’avoue cependant, à ma honte, que si j’ai guéri de la maladie du doute, ce n’est pas absolument à cette considération que je le dois.

On ne m’attribuera pas, je l’espère, la pensée de vouloir désarmer l’austérité d’une critique aussi farouche; on ne m’attribuera pas non plus celle de vouloir entrer en discussion avec les derniers champions de la foi catholique; de telles entreprises sont au-dessus de mes forces. Lélia a été et reste dans ma pensée un essai poétique, un roman fantasque où les personnages ne sont ni complètement réels, comme l’ont voulu les amateurs exclusifs d’analyse de mœurs, ni complètement allégoriques, comme l’ont jugé quelques esprits synthétiques, mais où ils représentent chacun une fraction de l’intelligence philosophique du XIXe siècle: Pulchérie, l’épicuréisme héritier des sophismes du siècle dernier; Sténio, l’enthousiasme et la faiblesse d’un temps où l’intelligence monte très-haut entraînée par l’imagination, et tombe très-bas, écrasée par une réalité sans poésie et sans grandeur; Magnus, le débris d’un clergé corrompu ou abruti; et ainsi des autres. Quant à Lélia, je dois avouer que cette figure m’est apparue au travers d’une fiction plus saisissante que celles qui l’entourent. Je me souviens de m’être complu à en faire la personnification encore plus que l’avocat du spiritualisme de ces temps-ci; spiritualisme qui n’est plus chez l’homme à l’état de vertu, puisqu’il a cessé de croire au dogme qui le lui prescrivait, mais qui reste et restera à jamais, chez les nations éclairées, à l’état de besoin et d’aspiration sublime, puisqu’il est l’essence même des intelligences élevées.

Cette prédiction pour le personnage fier et souffrant de Lélia m’a conduit à une erreur grave au point de vue de l’art: c’est de lui donner une existence tout à fait impossible, et qui, à cause de la demi-réalité des autres personnages, semble choquante de réalité, à force de vouloir être abstraite et symbolique. Ce défaut n’est pas le seul de l’ouvrage qui m’ait frappé, lorsqu’après l’avoir oublie durant des années, je l’ai relu froidement. Trenmor m’a paru conçu vaguement, et, en conséquence, manqué dans son exécution. Le dénoûment, ainsi que de nombreux détails de style, beaucoup de longueurs et de déclamations, m’ont choqué comme péchant contre le goût. J’ai senti le besoin de corriger, d’après mes idées artistiques, ces parties essentiellement défectueuses. C’est un droit que mes lecteurs bienveillants ou hostiles ne pouvaient me contester.

Mais si, comme artiste, j’ai usé de mon droit sur la forme de mon œuvre, ce n’est pas à dire que comme homme j’aie pu m’arroger celui d’altérer le fond des idées émises dans ce livre, bien que mes idées aient subi de grandes révolutions depuis le temps où je l’ai écrit. Ceci soulève une question plus grave, et sans laquelle je n’aurais pas pris le soin puéril d’écrire une préface en tête de cette seconde édition. Après avoir examiné cette question, les esprits sérieux me pardonneront de les avoir entretenus de moi un instant.

Dans le temps où nous vivons, les éléments d’une nouvelle unité sociale et religieuse flottent épars dans un grand conflit d’efforts et de vœux dont le but commence a être compris et le lien à être forgé par quelques esprits supérieurs seulement; et encore ceux-la ne sont pas arrivés d’emblée à l’espérance qui les soutient maintenant. Leur foi a passé par mille épreuves; elle a échappé à mille dangers; elle a surmonté mille souffrances; elle a été aux prises avec toutes les éléments de dissolution au milieu desquels elle a pris naissance; et encore aujourd’hui, combattue et refoulée par l’égoïsme, la corruption et la cupidité des temps, elle subit une sorte de martyre, et sort lentement du sein des ruines, qui s’efforcent de l’ensevelir. Si les grandes intelligences et les grandes âmes de ce siècle ont eu à lutter contre de telles épreuves, combien les êtres d’une condition plus humble et d’une trempe plus commune n’ont-ils pas dû douter et trembler en traversant cette ère d’athéisme et de désespoir!

Lorsque nous avons entendu s’élever au-dessus de cet enfer de plaintes et de malédictions les grandes voix de nos poètes sceptiquement religieux, ou religieusement sceptiques, Gœthe, Chateaubriand, Byron, Mickiewicz; expressions puissantes et sublimes de l’effroi, de l’ennui et de la douleur dont cette génération est frappée, ne nous sommes-nous pas attribué avec raison le droit d’exhaler aussi notre plainte, et de crier comme les disciples de Jésus: „Seigneur, Seigneur, nous périssons! Combien sommes-nous qui avons pris la plume pour dire les profondes blessures dont nos âmes sont atteintes et pour reprocher à l’humanité contemporaine de ne nous avoir pas bâti une arche où nous puissions nous réfugier dans la tempête? Au-dessus de nous, n’avions-nous pas encore des exemples parmi les poëtes qui semblaient plus liés au mouvement hardi du siècle par la couleur énergique de leur génie? Hugo n’écrivait-il pas au frontispice de son plus beau roman ἁναγχἡ? Dumas ne traçait-il pas dans Antony une belle et grande figure au désespoir? Joseph Delorme n’exhalait-il pas un chant de désolation? Barbier ne jetait-il pas un regard sombre sur ce monde, qui ne lui apparaissait qu’à travers les terreurs de l’enfer dantesque? Et nous autres artistes inexpérimentés, qui venions sur leurs traces, n’étions-nous pas nourris de cette manne amère répandue par eux sur le désert des hommes? Nos premiers essais ne furent-ils pas des chants plaintifs? N’avons-nous pas tenté d’accorder notre lyre timide au ton de leur lyre éclatante? Combien sommes-nous, je le répète, qui leur avons répondu de loin par un chœur de gémissements? Nous étions tant qu’on ne pourrait pas nous compter. Et beaucoup d’entre nous, qui se sont rattachés à la vie du siècle, beaucoup d’autres qui ont trouvé dans des convictions feintes ou sincères une contenance ou une consolation, regardent aujourd’hui en arrière, et s’effraient de voir que si peu d’années, si peu de mois peut-être les séparent de leur âge de doute, de leur temps d’affliction! Suivant l’expression poétique de l’un d’entre nous, qui est resté, lui du moins, fidèle à sa religieuse douleur, nous avons tous doublé le cap des Tempêtes autour duquel l’orage nous a tenus si longtemps errants et demi-brisés; nous sommes tous entrés dans l’océan Pacifique, dans la résignation de l’âge mûr, quelques-uns voguant à pleines voiles, remplis d’espérance et de force, la plupart haletants et délabrés pour avoir trop souffert. Eh bien! quel que soit le phare qui nous ait éclairés, quel que soit le port qui nous ait donné asile, aurons-nous l’orgueil ou la lâcheté, aurons-nous la mauvaise foi de nier nos fatigues, nos revers et l’imminence de nos naufrages? Un pueril amour-propre, rêve d’une fausse grandeur, nous fera-t-il désirer d’effacer le souvenir des frayeurs ressenties et des cris poussés dans la tourmente? Pouvons-nous, devons-nous le tenter? Quant à moi, je pense que non. Plus nous avons la prétention d’être sincèrement et loyalement convertis à de nouvelles doctrines, plus nous devons confesser la vérité et laisser exercer aux autres hommes le droit de juger nos doutes et nos erreurs passées. C’est à cette condition seulement qu’ils pourront connaître et apprécier nos croyances actuelles; car, quelque peu qu’il soit, chacun de nous tient une place dans l’histoire du siècle. La postérité n’enregistrera que les grands noms, mais la clameur que nous avons élevée ne retombera pas dans le silence de l’éternelle nuit; elle aura éveillé des échos; elle aura soulevé des controverses; elle aura suscité des esprits intolérants pour en étouffer l’essor, et des intelligences généreuses pour en adoucir l’amertume; elle aura, en un mot, produit tout le mal et tout le bien qu’il était dans sa mission providentielle de produire; car le doute et le désespoir sont de grandes maladies que la race humaine doit subir pour accomplir son progrès religieux. Le doute est un droit sacré, imprescriptible de la conscience humaine qui examine pour rejeter ou adopter sa croyance. Le désespoir en est la crise fatale, le paroxysme redoutable. Mais, mon Dieu! ce désespoir est une grande chose! Il est le plus ardent appel de l’âme vers vous, il est le plus irrécusable témoignage de votre existence en nous et de votre amour pour nous, puisque nous ne pouvons perdre la certitude de cette existence et le sentiment de cet amour sans tomber aussitôt dans une nuit affreuse, pleine de terreurs et d’angoisses mortelles. Je n’hésite pas à le croire, la Divinité a de paternelles sollicitudes pour ceux qui, loin de la nier dans l’enivrement du vice, la pleurent dans l’horreur de la solitude; et si elle se voile à jamais aux yeux de ceux qui la discutent avec une froide impudence, elle est bien près de se révéler à ceux qui la cherchent dans les larmes. Dans le bizarre et magnifique poème des Dziady, le Konrad de Mickiewicz est soutenu par les anges au moment où il se roule dans la poussière en maudissant le Dieu qui l’abandonne, et le Manfred de Byron refuse à l’esprit du mal cette âme que le démon a si longtemps torturée, mais qui lui échappe à l’heure de la mort.

Reconnaissons donc que nous n’avons pas le droit de reprendre et de transformer, par un lâche replâtrage, les hérésies sociales ou religieuses que nous avons émises. Si reconnaître une erreur passée et confesser une foi nouvelle est un devoir, nier cette erreur ou la dissimuler pour rattacher gauchement les parties disloquées de l’édifice de sa vie, est une sorte d’apostasie non moins coupable, et plus digne de mépris que les autres. La vérité ne peut pas changer de temple et d’autel suivant le caprice ou l’intérêt des hommes; si les hommes se trompent, qu’ils avouent leur égarement; mais qu’ils ne fassent point à la déesse nue l’outrage de la revêtir du manteau rapiécé qu’ils ont traîné par le chemin.

Pénétré de l’inviolabilité du passé, je n’ai donc usé du droit de corriger mon œuvre que quant à la forme. J’ai usé de celui-là très largement, et Lélia n’en reste pas moins l’œuvre du doute, la plainte du scepticisme. Quelques personnes m’ont dit que ce livre leur avait fait du mal; je crois qu’il en est un plus grand nombre à qui ce livre a pu faire quelque bien; car, après l’avoir lu, tout esprit sympathique aux douleurs qu’il exprime a dû sentir le besoin de chercher sa voie vers la vérité avec plus d’ardeur et de courage; et quant aux esprits qui, soit par puissance de conviction, soit par mépris de toute conviction, n’ont jamais souffert rien de semblable, cette lecture n’a pu leur faire ni bien ni mal. Il est possible que quelques personnes, plongées dans l’indifférence de toute idée sérieuse, aient senti à la lecture d’ouvrages de ce genre s’éveiller en elles une tristesse et un effroi jusqu’alors inconnus. Après tant d’œuvres du génie sceptique que j’ai mentionnés plus haut, Lélia ne peut avoir qu’une bien faible part dans l’effet de ces manifestations du doute. D’ailleurs l’effet est salutaire, et, pourvu qu’une âme sorte de l’inertie, qui équivaut au néant, peu importe qu’elle tende à s’élever par la tristesse ou par la joie. La question pour nous en cette vie, et en ce siècle particulièrement, n’est pas de nous endormir dans de vains amusements et de fermer notre cœur à la grande infortune du doute; nous avons quelque chose de mieux à faire: c’est de combattre cette infortune et d’en sortir, non-seulement pour relever en nous la dignité humaine, mais encore pour ouvrir le chemin à la génération qui nous suit. Acceptons donc comme une grande leçon les pages sublimes où René, Werther, Obermann, Konrad, Manfred exhalent leur profonde amertume; elles ont été écrites avec le sang de leurs cœurs; elles ont été trempées de leurs larmes brûlantes; elles appartiennent plus encore à l’histoire philosophique du genre humain qu’à ses annales poétiques. Ne rougissons pas d’avoir pleuré avec ces grands hommes. La postérité, riche d’une foi nouvelle, les comptera parmi ses premiers martyrs.

Et nous, qui avons osé invoquer leurs noms et marcher dans la poussière de leurs pas, respectons dans nos œuvres le pâle reflet que leur ombre y avait jeté. Essayons de progresser comme artistes, et, en ce sens, corrigeons nos fautes humblement; essayons surtout de progresser comme membres de la famille humaine, mais sans folle vanité et sans hypocrite sagesse: souvenons-nous bien que nous avons erré dans les ténèbres, et que nous y avons reçu plus d’une blessure dont la cicatrice est ineffaçable.

PREMIÈRE PARTIE

Quand la crédule espérance hasarde un regard confiant parmi les doutes d’une âme déserte et désolée pour les sonder et les guérir, son pied chancelle sur le bord de l’abîme, son œil se trouble, elle est frappée de vertige et de mort.

I

Qui es-tu? et pourquoi ton amour fait-il tant de mal? Il doit y avoir en toi quelque affreux mystère inconnu aux hommes. A coup sûr, tu n’es pas un être pétri du même limon et animé de la même vie que nous! Tu es un ange ou un démon, mais tu n’es pas une créature humaine. Pourquoi nous cacher ta nature et ton origine? Pourquoi habiter parmi nous qui ne pouvons te suffire ni te comprendre? Si tu viens de Dieu, parle, et nous t’adorerons. Si tu viens de l’enfer... Toi venir de l’enfer! toi si belle et si pure! Les esprits du mal ont-ils ce regard divin, et cette voix harmonieuse, et ces paroles qui élèvent l’âme et la transportent jusqu’au trône de Dieu!

Et cependant, Lélia, il y a en toi quelque chose d’infernal. Ton sourire amer dément les célestes promesses de ton regard. Quelques-unes de tes paroles sont désolantes comme l’athéisme: il y a des moments où tu ferais douter de Dieu et de toi-même. Pourquoi, pourquoi, Lélia, êtes-vous ainsi? Que faites-vous de votre foi, que faites-vous de votre âme, quand vous niez l’amour? O ciel! vous, proférer ce blasphème! Mais qui êtes-vous donc si vous pensez ce que vous dites parfois?

II

Lélia, j’ai peur de vous. Plus je vous vois, et moins je vous devine. Vous me ballottez sur une mer d’inquiétudes et de doutes. Vous semblez vous faire un jeu de mes angoisses. Vous m’élevez au ciel, et vous me foulez aux pieds. Vous m’emportez avec vous dans les nuées radieuses, et puis vous me précipitez dans le noir chaos! Ma faible raison succombe à de telles épreuves. Épargnez-moi, Lélia!

Hier, quand nous nous promenions sur la montagne, vous étiez si grande, si sublime, que j’aurais voulu m’agenouiller devant vous et baiser la trace embaumée du vos pas. Quand le Christ fut transfiguré dans une nuée d’or et sembla nager aux yeux de ses apôtres dans un fluide embrasé, ils se prosternèrent et dirent: „Seigneur, vous êtes bien le fils de Dieu! Et puis, quand la nuée se fut évanouie et que le prophète descendit la montagne avec ses compagnons, ils se demandèrent sans doute avec inquiétude: „Cet homme qui marche avec nous, qui parle comme nous, qui va souper avec nous, est-il donc le même que nous venons de voir enveloppé de voiles de feu et tout rayonnant de l’esprit du Seigneur? Ainsi fais-je avec vous, Lélia! A chaque instant vous vous transfigurez devant moi, et puis vous dépouillez la divinité pour redevenir mon égale, et alors je me demande avec effroi si vous n’êtes point quelque puissance céleste, quelque prophète nouveau, le Verbe incarné encore une fois sous une forme humaine, et si vous agissez ainsi pour éprouver notre foi et connaître parmi nous les vrais fidèles!

Mais le Christ! cette grande pensée personnifiée, ce type sublime de l’âme immatérielle, il était toujours au-dessus de la nature humaine qu’il avait revêtue. Il avait beau redevenir homme, il ne pouvait se cacher si bien qu’il ne fût toujours le premier entre les hommes. Vous, Lélia, ce qui m’effraie, c’est que, quand vous descendez de vos gloires, vous n’êtes plus même à notre niveau, vous tombez au-dessous de nous-mêmes, et vous semblez ne plus chercher à nous dominer que par la perversité de votre cœur. Par exemple, qu’est-ce donc que cette haine profonde, cuisante, inextinguible, que vous avez pour notre race? Peut-on aimer Dieu comme vous faites, et détester si cruellement ses œuvres? Comment accorder ce mélange de foi sublime et d’impiété endurcie, ces élans vers le ciel, et ce pacte avec l’enfer? Encore une fois, d’où venez-vous, Lélia? Quelle mission de salut ou de vengeance accomplissez-vous sur la terre?

Hier, à l’heure où le soleil descendait derrière le glacier, noyé dans des vapeurs d’un rose bleuâtre, alors que l’air tiède d’un beau soir d’hiver glissait dans vos cheveux, et que la cloche de l’église jetait ses notes mélancoliques aux échos de la vallée; alors, Lélia, je vous le dis, vous étiez vraiment la fille du ciel. Les molles clartés du couchant venaient mourir sur vous et vous entouraient d’un reflet magique. Vos yeux, levés vers la voûte bleue, où se montraient à peine quelques étoiles timides, brillaient d’un feu sacré. Moi, poète des bois et des vallées, j’écoutais le murmure mystérieux des eaux, je regardais les molles ondulations des pins faiblement agités, je respirais le suave parfum des violettes sauvages qui, au premier jour tiède qui se présente, au premier rayon ce soleil pâle qui les convie, ouvrent leurs calices d’azur sous la mousse desséchée. Mais vous, vous ne songiez point à tout cela; ni les fleurs, ni les forêts, ni le torrent, n’appelaient vos regards. Nul objet sur la terre n’éveillait vos sensations, vous étiez toute au ciel. Et quand je vous montrai le spectacle enchanté qui s’étendait sous nos pieds, vous me dîtes, en élevant la main vers la voûte éthérée: „Regardez cela!„ O Lélia! vous soupiriez après votre patrie, n’est-ce pas? vous demandiez à Dieu pourquoi il vous oubliait si longtemps parmi nous, pourquoi il ne vous rendait pas vos ailes blanches pour monter à lui?

Mais, hélas! quand le froid qui commençait à souffler sur la bruyère nous eut forcés de chercher un abri dans la ville; quand, attiré par les vibrations de cette cloche, je vous priai d’entrer dans l’église avec moi et d’assister à la prière du soir, pourquoi, Lélia, ne m’avez-vous pas quitté? Pourquoi, vous qui pouvez certainement des choses plus difficiles, n’avez-vous pas fait descendre d’en haut un nuage pour me voiler votre face? Hélas! pourquoi vous ai-je vue ainsi, debout, le sourcil froncé, l’air hautain, le cœur sec? Pourquoi ne vous êtes-vous pas agenouillée sur les dalles moins froides que vous? Pourquoi n’avez-vous pas croisé vos mains sur ce sein de femme que la présence de Dieu aurait dû remplir d’attendrissement ou de terreur? Pourquoi ce calme superbe et ce mépris apparent pour les rites de notre culte? N’adorez-vous pas le vrai Dieu, Lélia? Venez-vous des contrées brûlantes où l’on sacrifie à Brama, ou des bords de ces grands fleuves sans nom où l’homme implore, dit-on, l’esprit du mal? car nous ne savons ni votre famille, ni les climats qui vous ont vue naître. Nul ne le sait, et le mystère qui vous environne nous rend superstitieux malgré nous!

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